BUDGET 2012-2013 : Le Québec face à ses engagements en environnement
Saint-Léon-de-Standon, le 21 mars 2012. « La lecture du budget du Québec nous indique que le gouvernement démontre une gêne évidente face au virage majeur qu’il doit entreprendre en environnement. Des efforts timides ici et là sont bien présents mais ils sont insuffisants dans la plupart des cas surtout pour les trois premières années. Par la suite, en 2015, les revenus générés par le marché du carbone apportent afin de l’eau au moulin. L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique applaudit d’ailleurs le leadership dont le gouvernement québécois fait preuve en adhérant à cet outil essentiel » déclare André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).
Transport collectif : prioritaire
Pour atteindre son objectif en matière de réduction des gaz à effet de serre (GES), le gouvernement doit faire une priorité du développement du transport collectif. Le budget déposé hier comprend des mesures de financement et des pistes de développement, notamment sur la question de l’intermodalité, mais avec une augmentation d’à peine 15 millions répartis sur les trois premières années, ce n’est pas avant 2015 que l’on pourra espérer de véritables avancées. La prolongation de la redevance sur les carburants et les combustibles fossiles est une saine décision mais ne peut à elle seule supporter le développement nécessaire à court terme et devra donc être augmentée et complétée par d’autres solutions financières.
Rétablir un équilibre entre construction de routes et développement des transports collectifs est un impératif en pollution atmosphérique, mais il faudra attendre encore pour une action convaincante du gouvernement. Malheureusement on est bien loin des montants nécessaires pour le virage vers des transports collectifs efficaces avec quelques 200 millions de dollars au lieu des 1,5 milliards de dollars nécessaires pour répondre adéquatement aux défis des changements climatiques.
Programme d’inspection et d’entretien des véhicules automobiles
Le contrôle de la pollution automobile est au rendez-vous, ce qui démontre la volonté d’agir du ministre de l’Environnement, du Développement durable et des parcs (MDDEP) malgré les pressions indues et anachroniques contre le PIEVA, programme d’inspection et d’entretien des véhicules automobiles. Le gouvernement reconnait le poids du secteur des transports (43%) dans le bilan des GES au Québec et mobilisera les québécois vers une gestion plus saine des véhicules automobiles en adressant enfin la pollution de l’air causée par les véhicules légers. L’AQLPA appuie fermement le Québec dans cette démarche.
Réduction des GES
L’objectif de réduire les émissions de GES de 20% sous le niveau de 1990 est non seulement louable mais tout à fait nécessaire. Cela dit, le budget ne semble pas conséquent avec cet objectif puisque le financement des moyens semble insuffisant pour un tel virage notamment dans le transport collectif. C’est le marché du carbone qui, en 2015, vient bonifier les enveloppes permettant de mettre en œuvre l’ensemble des actions visant la réduction des GES. Cela n’est pas représentatif de l’urgence d’agir face aux changements climatiques.
Ressources naturelles
Le gaz naturel sur la Côte Nord, c’est une bonne idée pour se débarrasser du mazout lourd, le plus polluant des combustibles pétroliers, mais le gaz de schiste produit au Québec ne doit pas faire partie de cette stratégie car on ajouterait à la dette écologique qui apparaît dans les finances publiques sous la rubrique « passif environnemental ». Le Québec serait bien avisé de n’ajouter que la production du biométhane produit localement dans le gaz qu’il entend acheminer vers la Côte Nord.
L’AQLPA est heureuse de la préoccupation gouvernementale d’assurer la mise en valeur des ressources minérales dans le respect des principes de développement durable (projet de loi 14) mais nous nous inquiétons que des moyens insuffisants y soient consacrés.
Plan d’action sur les changements climatiques (PACC)
La progression du financement public des initiatives du Plan d’action sur les changements climatiques est plutôt timide. Encore ici, ce n’est qu’en 2015 – avec la progression du marché du carbone - qu’on voit une avancée valable. Pour l’AQLPA, il s’agit d’une source d’inquiétude supplémentaire face à l’atteinte des objectifs de réduction des GES d’ici 2020. Chaque année de délai supplémentaire peut avoir un effet multiplicateur difficile à surmonter pour les années suivantes.
Par ailleurs, les efforts financiers prévus pour la réduction des risques, l’adaptation aux changements climatiques, l’implication des collectivités ainsi que le développement des connaissances et du savoir-faire sont plutôt minces. Les événements climatiques des récentes saisons, notamment à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Sainte-Flavie, sont pourtant suffisants pour déclarer l’urgence d’agir concrètement et rapidement pour une meilleure capacité de gestion face à de telles situations qui se multiplieront dans l’avenir, nous le savons. « Les records de chaleur de ce printemps nous indiquent que les dérèglements climatiques gagnent en vigueur et en rapidité ce qui devrait nous inciter à agir plus résolument », ajoute André Bélisle, président de l’AQLPA.
Efficacité énergétique et innovation
Du côté de l’efficacité énergique, l’AQLPA souligne une très nette progression, et ce dès 2013 des investissements du gouvernement. Toutefois, il y a trop peu pour le développement des bioénergies et technologies vertes. La réduction des GES passe nécessairement par le développement de nouvelles sources d’énergie dont le biométhane. À ce titre, l’AQLPA préconise un modèle municipal pour la production de biométhane. Les ressources à la base de la production de biométhane sont les résidus organiques des sites d’enfouissement; ces derniers sont la propriété des communautés et la production et l’utilisation du biométhane devrait servir d’abord et avant tout ces communautés. D’ailleurs la production de biométhane à l’échelle municipale deviendra un levier économique et environnemental pour le financement d’autres besoins comme le transport collectif.
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Source :
Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique
Louise Lévesque, directrice des communications
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Contact :
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