Cimenterie Port-Daniel-Gascons : L'utilisation de coke de pétrole justifie un BAPE
(Carleton-sur-Mer, 2 octobre 2013) Le groupe Environnement Vert Plus a reçu de nombreux appuis pour la tenue d’une évaluation environnementale par le BAPE sur le projet de cimenterie de Port-Daniel-Gascons qui deviendrait un des plus grands consommateurs de coke de pétrole au Québec. L’Association Québécoise de Lutte contre la Pollution atmosphérique (AQLPA) et Greenpeace viennent appuyer EVP et les groupes régionaux qui demandent que ce projet de cimenterie fasse l’objet d’une audience publique du BAPE. Selon Bilbo Cyr, président du groupe, « la confirmation qu’on y brûlera du coke de pétrole, qu’il provienne des sables bitumineux ou non, mérite une reconsidération de la part du gouvernement du Québec pour la tenue d’audiences publiques. »
Selon une étude produite pour le compte de l’AQLPA et de GREENPEACE, « Le coke de pétrole, aussi connu sous le nom de « petcoke », est l’un des nombreux résidus du raffinage. Il s’agit d’un granulé noir, un déchet de l’industrie pétrolière, que compte utiliser Ciment McInnis dans son projet de cimenterie. Plus on raffine de pétrole, plus on met en circulation de coke de pétrole. Par exemple, pour un baril de bitume des sables bitumineux, c’est entre 15 et 30 pourcent qui se retrouvera sous forme de petcoke, selon les procédés de valorisation et de raffinage. »
Contrairement aux dires du porte-parole de Ciment McInnis, le coke de pétrole produit plus de gaz à effet de serre que le charbon qu’il remplace. Selon des études réalisées sur le sujet aux Etats-Unis, « le pétrole de coke serait responsable de l’émission de 53,6 % plus de CO2 qu’une tonne de charbon tout en se vendant à 25 % du prix » . La combustion de coke de pétrole entraîne également des émissions importantes d’oxydes d’azote (NOx et de N2O), toxiques pour la santé humaine et néfastes à la couche d’ozone, et de dioxyde de soufre (SO2), directement liés aux problèmes de pluies acides et de smog, de même que des matières particulaires, des COV (composés organiques volatiles) et des métaux lourds. Ces études viennent confirmer les mises en garde du Dr. Neil Carman invité lors d’une assemblée publique tenue à Bonaventure le 20 septembre 2012.
Plus de 1,7 millions de tonnes de gaz à effet de serre
Selon le président d’Environnement Vert Plus, Bilbo Cyr, « bien que les objectifs fixés pour la période 2008-2012 n’aient jamais été atteints, le gouvernement du Québec s’est néanmoins fixé un nouvel objectif de réduction des GES à -25 % pour 2020, ce qui à notre avis, est bien naïf compte-tenu que le projet de cimenterie ajoutera à lui seul plus de 1,7 million de tonnes de gaz à effet de serre annuellement. » Pour Maude Prud’homme du mouvement Tache d’Huile, « on ne peut en effet augmenter sans fin la production et la consommation de pétrole tout en pensant atteindre cet objectif. »
L’Omerta sur les impacts environnementaux
EVP tente depuis l’an dernier d’obtenir en vertu de la Loi d’accès à l’information, l’étude sur les impacts sur l’environnement et la santé du projet de cimenterie. Malgré plusieurs tentatives en ce sens, EVP s’est vu refuser l’accès à l’étude d’impact sur l’environnement et la santé de même que les questions soulevées par le ministère de l’environnement (MDDEFP) et les questions et préoccupation de la Direction de la santé publique régionale concernant ce projet. « Comment des élus peuvent-ils appuyer un projet dont les répercussions environnementales et sociales sont gardées secrètes? » de dire Michel Goudreau, porte-parole de la Coalition Éco-Vigilance de la Baie-des-Chaleurs. « Il y a 10 ans, la population des deux côtés de la Baie des Chaleurs s’étaient levée contre un projet d’incinérateur de déchets toxiques à Belledune au N.-B. et avait réclamé des audiences publiques. On ne peut pas appuyer un projet de cimenterie potentiellement aussi dangereux sur l’autre rive de la Baie sans que celui-ci soit soumis à un BAPE. » de poursuivre M. Goudreau.
Cause commune avec les groupes nationaux
Environnement Vert Plus appuie les recommandations des groupes nationaux notamment à l’effet que le Gouvernement du Québec:
- Tienne une évaluation environnementale par le BAPE sur le projet de cimenterie de Port-Daniel qui deviendrait un des plus grands consommateurs de coke de pétrole.
- Élabore une Politique pour l’élimination de l’utilisation du coke de pétrole au Québec
- Adopte un plan permettant une réduction significative de la consommation de pétrole au Québec (-30 % d’ici 2020 et -60 % d’ici 2030)
- Adopte un plan de lutte aux changements climatiques qui permet de réduire les émissions en territoire québécois de 25 % sous les niveaux de 1990 d’ici 2020
EVP rappelle qu’une demande de BAPE pour le projet de cimenterie a été adressée aux trois derniers ministres de l’environnement (MDDEFP) mais aucun d’entre eux n’y a donné suite.
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Information : Bilbo Cyr, 418-388-5064 / Michel Goudreau, 418-788-5590