Décarboner le monde – et le Canada - c’est possible !
Saint-Léon-de-Standon, le 11 juillet 2014 – L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) a pris connaissance d’un rapport significatif sur les changements climatiques livré cette semaine au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon : Pathways to Deep Decarbonization. Selon un groupe de chercheurs indépendants de 15 pays totalisant plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, il est possible d’éviter le pire des bouleversements climatiques en fixant un objectif de « décarbonisation profonde » de leurs économies d’ici 2050. L’originalité du rapport, produit en prévision du sommet des chefs d’État sur le climat à New York le 23 septembre prochain, est d’identifier des pistes concrètes de décarbonisation adaptées aux contextes nationaux des 15 pays concernés dont le Canada. En voici les faits saillants :
- Le rapport intermédiaire pose d’abord comme incontournable de limiter la hausse du réchauffement planétaire moyen à 2 degrés Celsius d’ici la fin du siècle pour se donner une chance d’éviter l’emballement climatique. Seule une approche axée sur les résultats et coordonnée au plan international permettra d’atteindre l’objectif du deux degrés.
- Le Deep Decarbonization Pathways Projet (DDPP – le Projet Pistes de Décarbonisation Profonde - PPDP) est destiné à proposer des outils aux 15 pays dont très peu ont sérieusement étudié les conséquences sur leur économie d’une limitation de la hausse de la température moyenne à 2 degrés C. Cette première étape identifie ce qu’il est techniquement faisable de faire sans se préoccuper de l’analyse coûts/bénéfices ou de qui va payer, qui seront étudiés dans une seconde étape.
- Les projets nationaux ont tous en commun de reposer sur trois piliers :
- L’efficacité énergétique et la conservation
- Une électricité à basse teneur en carbone par le recours aux énergies renouvelables ou aux techniques de séquestration et de stockage du carbone
- Changer les carburants à forte teneur en carbone dans le transport, les immeubles ou l’industrie pour des carburants à basse teneur en carbone incluant l’électricité, les biocarburants ou l’hydrogène.
- La réussite d’un projet de décarbonisation profonde dépend, selon les chercheurs, d’un « changement technologique dirigé », c’est-à-dire de changements qui sont poussés à la fois par les gouvernements, les centres de recherche et les entreprises avec objectif d’atteindre des résultats ciblés.
- Le Canada est en mesure de réduire ses émissions de dioxyde de carbone de près de 90% d’ici 2050 par rapport au niveau de 2010 selon le scénario du rapport Deep Decarbonization Pathways. Mais la volonté de développer les ressources naturelles fossiles et minérales tout en restant dans la limite des deux degrés Celsius n’est possible qu’à condition de déployer des techniques de décarbonisation profonde dans ce secteur, dont des techniques de séquestration et stockage du carbone. Cette diminution des émissions de GES se produirait en même temps qu’une hausse continue du produit national brut et de la population selon ce scénario.
- Cette réduction de 90% des émissions canadiennes est essentiellement due à une réduction spectaculaire dans l’intensité carbonique des usages de l’énergie grâce aux énergies renouvelables et à la biomasse qui deviennent les sources d’énergie dominantes.
- Il en résulte que les émissions du secteur du transport, du bâtiment et de l’électricité sont presque complètement décarbonées. Toutefois les émissions résiduelles du secteur industriel seront difficiles à éliminer complètement. Elles exigeront le recours à des échanges de crédits carbone à l’international.
- Le scénario canadien est toutefois ambiguë, voire contradictoire, quant à l’exploitation des sables bitumineux. D’une part, il assume que la demande internationale pour le pétrole et le gaz restera substantielle et, dans ces conditions, il affirme que l’exploitation actuelle ou même accrue des sables bitumineux, accompagnée de mesures nécessaires de décarbonisation, pourrait demeurer compatible avec les efforts de réduction profonde des émissions.. Mais d’autre part, le rapport souligne qu’il y a controverse dans la littérature scientifique à savoir si l’exploitation des sables bitumineux peut demeurer rentable sous un scénario de décarbonisation profonde.
- Deux conditions essentielles seront nécessaires pour atteindre ces objectifs au Canada :
- l’accessibilité économique des techniques de séquestration et de stockage du carbone afin de réduire les émissions du secteur des énergies fossiles et de l’extraction minérale.
- Enfin ces changements ne peuvent survenir sans signaux politiques forts et un soutien du public.
Selon Alain Brunel, directeur climat-énergie de l’AQLPA, « Sans endosser toutes ses conclusions sur les sables bitumineux qui omettent des conséquences majeures sur la santé, la faune et les sols de cette exploitation, l’AQLPA souligne que ce rapport sur les pistes de décarbonisation profonde a le mérite de montrer des solutions concrètes au cul-de-sac énergétique actuel. Il montre qu’il est techniquement faisable d’ici 2050 de transformer les systèmes énergétiques dans le sens d’une réduction radicale des émissions de dioxyde de carbone des principaux pays responsables de la dérive climatique. Et c’est possible pour le Canada aussi ! Mais il faut de la volonté politique, celle qui fait précisément défaut chez Stephen Harper. Le premier ministre canadien est obnubilé par le court terme et aveugle aux conséquences mortifères à terme de sa vision tronquée d’une économie déconnectée des systèmes naturels et climatiques. »
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Source
Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
Louise Lévesque, directrice des communications
T 418-642-1322 poste 294 / C 418-264-5575 / louise.levesque@aqlpa.com
Contact
Alain Brunel, directeur climat-énergie AQLPA
C 514-835-3402 / alain.brunel@aqlpa.com