Focus sur les émissions de méthane induites par la fracturation hydraulique (Gaz de schiste)
Durban, Afrique du sud, 9 décembre 2011 - Au dernier jour des pourparlers des Nations Unies sur le climat, un panel international a attiré l'attention sur l'impact climatique de la fracturation hydraulique. Citant de nouvelles études sur les émissions de méthane, les décideurs et les défenseurs de l'environnement des États-Unis, du Canada et de l'Allemagne ont souligné l'impact sur le climat de la nouvelle méthode controversée d’extraction du gaz.
« La fracturation hydraulique n'est pas seulement une préoccupation pour notre eau et notre santé. C'est une préoccupation pour notre climat », a déclaré Dominic Frongillo, membre du conseil de Caroline dans l’état de New York aux Etats-Unis, lui qui se trouve sur la deuxième plus grande concentration de gaz de schiste dans le monde.
La fracturation hydraulique consiste à injecter des millions de gallons d'eau et de produits chimiques à haute pression dans les profondeurs souterraines afin d'en extraire des gisements de gaz emprisonnés dans la roche. Les participants à la séance d'information lors des négociations climatiques de l'ONU ont confirmé que la fracturation hydraulique est en pleine expansion en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Afrique du Sud.
Les émissions de méthane des centres de forage ont un impact sur le climat
Selon un rapport de 2011 publié par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), la réduction des émissions de méthane est aussi urgente que la réduction des émissions de dioxyde de carbone pour ralentir les changements climatiques. L'étude accorde ainsi une importance nouvelle à la réduction des émissions de méthane, un gaz à effet de serre 105 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) à court terme.
«Le méthane est plus puissant que le CO2 et a des impacts climatiques rapides. Si nous ne réduisons pas les émissions de méthane, nous allons atteindre un point de bascule irréversible dans quelques décennies » déclare Robert Howarth, professeur d'écologie à l'Université Cornell, auteur de la première étude sur les émissions de gaz à effet de serre de la fracturation hydraulique.
L'attention croissante portée au méthane dans les milieux scientifiques impute des responsabilités à l'industrie du gaz de schiste.
« Pour le moment, l'Europe voit le gaz naturel, y compris le gaz extrait des gisements non conventionnels, comme le meilleur pont vers un avenir renouvelable. Les résultats scientifiques dont on parle aujourd’hui pourraient tout changer », a déclaré Lars Kramm, de l'Université de Rostock en Allemagne.
La perception du gaz naturel comme étant un carburant de transition par rapport au mazout et à l’huile s'étend au-delà l'Europe. Dans un mémo divulgué en octobre, le haut fonctionnaire Paul Boothe d'Environnement Canada, les gaz de schiste viennent « changer la partie» et les a qualifié de «prochains sables bitumineux».
« Nous assistons à la même euphorie pour le développement du gaz de schiste, tout comme nous l'avons fait avec les sables bitumineux. Les deux menacent la viabilité des énergies renouvelables et annulent nos efforts pour limiter le réchauffement à 2 degrés Celsius », a déclaré Patrick Bonin, directeur climat-énergie à l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), basée au Canada.
Le panel a également discuté d’une recherche de scientifiques de l'Université Cornell, qui a démontré que la fracturation hydraulique est pire pour le climat que le forage de gaz classique et même pire que le charbon. Cette situation est aggravée par les nouveaux chiffres mis au jour par l’Environmental Protection Agency des États-Unis (USEPA) qui montre que le gaz naturel est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis – soit le double des estimations précédentes. Le gaz naturel est responsable de 17% de la pollution liée aux changements climatiques aux États-Unis, selon un document de recherche de l'Université Cornell à paraître dans le journal Climate Change au printemps prochain.
«Éviter l'extraction de gaz non conventionnel pourrait être la première chose à faire à court terme pour contrôler les émissions américaines nuisibles au climat», explique le professeur Robert Howarth de l’Université Cornell, auteur du rapport.
« En raison de la quantité de méthane déversée dans l'atmosphère par la fracturation hydraulique, cette technique de production de gaz a un impact disproportionné sur les changements climatiques. Même les petites fuites font une grande différence » ajoute Howarth. Son étude d’avril estime que près de 8 % du méthane extrait du gaz de schiste fuit dans l'air au cours de la durée de vie d'un puits de gaz de schiste. C’est jusqu’au double de ce qui s’échappe lors de la production de gaz conventionnel.
La recherche de Howarth conclut que bien que le gaz naturel soit 60% plus propre lorsqu'il est brûlé, les émissions de gaz à effet de serre de la fracturation hydraulique sont supérieures à celles du charbon en raison des fuites de méthane et de la méthode intensive en énergie (camionnage, compresseurs, brûlage, etc.).
Lien vers la conférence de presse.
Lien vers l'affichage original (en anglais) sur le blogue de l'AQLPA.
CONTACTS
Patrick Bonin, Directeur climat-énergie
Association québécoise de Lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
T: (450) 818-1850;
Cellulaire: 514-594-1221
Courriel: pbonin@aqlpa.com
et
Cornell Research: Robert Howarth
Courriel : howarth@cornell.edu