Gaz de schiste : étude américaine sur la mort d'animaux de ferme et de compagnie
Article écrit par Bernhard Debatin, résident d'Athens, Ohio, un professeur en journalisme à Ohio University. Il est un membre fondateur du groupe "Slow Down Fracking in Athens County" (SD-FRAC) et le collaborateur principal au site Web de SD- FRAC.
Johanne Dion, des Ami.e.s du Richelieu, a accepté de traduire cet article important pour l'agriculture.
En étudiant des cas très précis, une équipe de recherche de l'Université Ohio a constaté des problèmes de santé, de reproduction et de mortalité importante sur des vaches et des animaux de compagnie, en lien avec les liquides de fracturation.
Les liens pour lire l'étude (en anglais) et d'autres références sont au bas de l'article.
TRADUCTION de Johanne Dion - Les ami.e.s du Richelieu
Une nouvelle étude scientifique dont le titre est "The Impacts of Gas Drilling on Human and Animal Health" démontre que les fluides de fracturation, l'exposition au méthane et d'autres contaminations liées aux forages gaziers peuvent avoir un impact sérieux sur la santé des humains et des animaux.
Les auteurs de l'étude, Michelle Bamberger, vétérinaire dans un bureau privé, et Robert E. Oswald, du département de médecine moléculaire de Cornell University, qualifient la fracturation comme "faire des expériences incontrôlées sur la santé d'une envergure énorme." (page 51). Leur recherche a enquêté sur 24 différents sites de forage gaziers, dont 18 avaient été hydrofracturés horizontalement. Les chercheurs ont observé et documenté des changements sévères dans la santé des humains et des animaux qui vivaient près de ces sites. La majorité des animaux observés étaient des vaches; les autres animaux étaient des chevaux, des chèvres, des lamas, des poules, des chiens, des chats et des carpes koï.
Bamberger et Oswald ont passé en entrevue des propriétaires d'animaux affectés par des forages gaziers dans 6 différents états (Colorado, Louisiane, New York, Pennsylvanie, Ohio et Texas). De plus, ils ont obtenu des résultats de tests de laboratoires et des données des compagnies de forage et d'agences de régulation des états. La découverte la plus frappante de l'étude est la mort de plus de 100 vaches causée par leur exposition à des fluides de fracturation ou d'avoir bu des eaux usées de fracturation qui avaient été déversées ou qui avaient fui dans des sources d'eau douce. Les chercheurs ont aussi souvent constaté des problèmes de reproduction, surtout des accouplements infructueux et des animaux morts-nés qui avaient souvent des déformations congénitales. D'autres effets sur la santé des animaux et des humains comportaient une variété de symptômes comme des symptômes de problèmes respiratoires et des picotements aux yeux, des vomissements et des diarrhées, des irritations cutanées, des saignements de nez, des maux de tête et des problèmes neurologiques.
La recherche fournit des preuves valables pour "plusieurs liens possibles entre les forages gaziers et des impacts négatifs sur la santé" (page 54). Deux cas fournissaient une comparaison directe entre des animaux qui avaient été exposés à des eaux contaminées et es animaux du même troupeau qui ne l'avaient pas été. Cela créait une situation semblable à une expérience avec un groupe exposé et un groupe contrôle avec le résultat d'effets immédiats et dévastateurs des produits chimiques de fracturation sur des animaux qui pouvaient être démontrés clairement.
Dans un troupeau de vaches, 60 bêtes ont été exposées aux produits chimiques de fracturation dans leur eau à boire. De celles-là, 21 sont mortes et 16 n'ont pas pu se reproduire. Les autres 36 vaches qui n'avaient pas été exposées aux produits chimiques n'ont pas eu d'autres changements de santé ou de reproduction. Un cas similaire a été observé sur une autre ferme où 140 vaches ont été exposées à des produits chimiques de fracturation. La moitié sont mortes, et celles qui ont survécu on eu un taux élevé de morts-nés et de veaux avec des malformations, tandis que les autres 60 vaches qui n'avaient pas été exposées n'ont pas connu de problèmes de santé.
Bien que plusieurs cas étudiés durant l'enquête ont été causés par des déversements accidentels et des fuites, il est bon de remarquer que certains propriétaires d'animaux ont aussi observé que des chiens et des chats sont aussi tombés malades ou sont morts après avoir été exposés aux eaux usées qui avaient été épandues volontairement sur des routes. Les animaux semblaient attirés par les sels dans les fluides.
Ceci est particulièrement préoccupant parce que selon le règlement ORC 150.226 de l'Ohio, l'épandage d'eaux usées de fracturation sur les routes est permis pour atténuer la poussière et déglacer, ce qui devient une forme légale de disposition, une pratique que j'appelle "le vide légal d'application de surface". Certains états, comme la Pennsylvanie, ne permettent même pas la disposition des eaux usées de fracturation dans des puits d'injection à grand profondeur; pourtant, l'Ohio importe d'importantes quantités d'eaux usées afin d'en disposer.
Les autorités locales pourraient être très portées à émettre un permis pour l'épandage d'eaux usées sur les routes parce que cela semble être une façon peu coûteuse et facile de diminuer la poussière en été et déglacer les routes en hiver. Il y a un précédent bien ancré dans le sud-est de l'Ohio où les cendres toxiques des centrales électriques au charbon sont épandues depuis des années comme moyen de gérer les routes glissantes. La municipalité d'Athens a cessé cette pratique en 2010.
Bamberger et Oswald soulignent l'utilité des animaux comme sentinelles pour évaluer les impacts sur la santé humaine: les animaux de compagnie et le bétail sont les fameux "serins dans la mine" qui avertissent d'un danger imminent. Vu que la preuve du danger que représente les eaux usées pour les animaux de différentes tailles est faite, les épandages à la sauvette sur les routes doivent aussi être perçus comme une menace à la santé des enfants et des femmes enceintes, ainsi que n'importe qui d'autre qui y serait souvent exposé.
Dans leurs discussions sur les résultats, les auteurs de l'étude mentionnent que la recherche systématique et concluante est extrêmement difficile à cause des ententes de confidentialité et manque de tests appropriés de qualité de l'air et de l'eau avant et après les forages. Le fait que les compagnies de forage ne sont pas obligées de révéler les produits chimiques qu'elles utilisent pour fracturer et ajoutés dans les fluides de forages ne fait qu'aggraver le problème.
Bamberger et Oswald critiquent vertement aussi la façon de gérer et disposer des eaux usées de fracturation qui expose inutilement les humains et les animaux à des substancesues. Ils demandent une interdiction des forages pour le gaz de schiste "pour la protection de la santé publique" et des règlements beaucoup plus sévères dans les états où la fracturation est encore permise, demandant aussi une transparence complète et des tests d'air, d'eau, de sols, d'animaux et d'humains." (page 71 f.)
Nous ne pouvons qu'espérer que cette approche de gros bon sens prendra le dessus sur les intérêts à court terme pour des gains rapides et une semblance de source d'énergie domestique peu coûteuse. Il est temps que l'Ohio décrète un moratoire sur la fracturation!
LIENS
Les Ami.e.s du Richelieu (même article qu'ici, accompagné d'images et liens)"
Study on fracking health risks reinforces call for moratorium (article source, traduit ci-haut)
Impacts of gas drilling on human and animal health (étude Bamberger & Oswald) PDF 27 pages.
Slow Down Fracking in Athens County (Blogue de SD-FRAC)
Étude sur les risques pour la santé confirme la validité d'un moratoire (cette traduction, format PDF)