GAZ DE SCHISTE : Rien n'est réglé!
Montréal, le lundi 24 octobre 2011– À l'occasion de la rencontre annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) présidée par Lucien Bouchard, quatre mois après la manifestation qui a rassemblé près de 15 000 citoyens dans les rues de Montréal pour tenter d'imposer le respect au gouvernement et à l'industrie du gaz de schiste, les citoyens tiennent à rappeler qu'en dépit des apparences d'un quasi moratoire, l'industrie est toujours à l'oeuvre et que rien n’est réglé.
Pour un processus transparent et une véritable défense de l'intérêt public
Pour les citoyens qui s'activent à la défense de l'intérêt public, appuyés par des centaines de milliers de citoyens depuis plus d'un an, les revendications sont toujours les mêmes:
- Moratoire complet sur les activités d'exploration et d'exploitation du gaz de schiste
- Un processus d'étude rigoureux, public et transparent
- Un Comité d'Évaluation Environnementale Stratégique modifié (ÉES): représentatif et crédible
- L'interdiction de toute nouvelle opération de fracturation
Quoique puissent laisser croire les manoeuvres du gouvernement et les quelques modifications "cosmétiques" apportées à l'ÉES, les exigences répétées des citoyens n'ont pas été entendues:
- Il n’y a pas eu de modification significative au mandat et à la composition de l’ÉES dont les travaux se déroulent toujours à huis clos;
- Il n'y a pas de représentation des citoyens au Comité de l'ÉES;
- Il n'y a pas de mécanisme permettant une réelle participation du public et des citoyens, premiers concernés par les impacts de ce développement.
- Les membres de l’ÉES sensés représenter la société civile n’ont jamais pris contact avec les citoyens ou groupes de citoyens qu’ils devraient représenter.
- La nomination de François Tanguay, comme représentant des écologistes, n'a pas été reconnue par la grande majorité des groupes environnementaux comme représentant légitime de leur voix.
- Le Comité de l'ÉES, où siège une très grande majorité des membres favorables à l’entreprise, n’a toujours pas diffusé son plan de travail.
Considérant les risques importants de cette filière et le potentiel extraordinaire du Québec en matière d'énergie renouvelable, les citoyens réitèrent leur exigence pour un processus d'étude centré sur la pertinence de ce développement en regard de l'ensemble du développement énergétique du Québec.
Une industrie toujours à l'oeuvre
Pendant que les évidences et les rapports d’études se multiplient pour démontrer le caractère rétrograde, risqué et inacceptable du projet gazier, l'industrie est toujours à l'oeuvre.
La stratégie actuelle de l'industrie vise à manoeuvrer, grâce au travail de firmes de relations publiques ou de conseillers en stratégie, pour faire en sorte qu'elle puisse fabriquer l'acceptabilité sociale de leur projet de développement.
La récente constitution de différents groupes d'intérêt - dont le Forum de discussion "forumschiste" mis sur pied par l'industrie, visant à "rétablir les ponts" et le "Comité de dialogue" de la MRC de Bécancour, également initiée par l'industrie, fait clairement partie d'une stratégie réfléchie de l'industrie visant à fabriquer une impression d'acceptabilité sociale qui pourrait répondre favorablement aux demandes de l'industrie, au temps opportun.
Dans le but de contourner l'esprit critique, certains stratèges de l'industrie ont commencé à déclarer dans différents milieux qu'ils allaient se battre pour que des règlements serrés soient mis en place pour respecter les citoyens. Dans les faits, ils se battent plutôt pour contourner les irréductibles qui s'activent à défendre le bien commun.
André Boisclair a été embauché par la gazière Questerre comme conseiller stratégique pour aider l'industrie à faire passer son message et tenter de rendre acceptable ce qui demeure, encore et toujours, inacceptable aux yeux des citoyens!
Lucien Bouchard lance des appels à Jean Charest à investir et à devenir partenaire d'un projet qui s’annonce déficitaire et de plus en plus problématique, dans un contexte économique où le boom gazier des États-Unis et la méfiance même des investisseurs rend ce développement de plus en plus défavorable.
Ces déclarations masquent aussi le fait que les citoyens du Québec sont les véritables propriétaires de cette ressource (dont les permis d'exploitation ont été alloués par le gouvernement à des prix dérisoires) et que l'État du Québec a déjà largement investi dans les travaux de prospections de la SOQUIP, de Hydro-Québec Pétrole et Gaz et dans le gaz de schiste via des programmes de crédits d'impôts, d'études environnementales, etc. et que c'est à l'État - et non à l'industrie, de fixer les règles du jeu qui iront dans le sens de l'intérêt public.
À l'instar des récents vidéos promotionnels lancés puis retirés tout récemment par le MRNF vantant la pertinence de l'exploitation pétrolière dans le Golfe du Saint-Laurent, les travaux lancés par le gouvernement sur le gaz de schiste nous offriront-ils bientôt des vidéos de propagande, payés à même les impôts des contribuables, dressant un portrait idyllique de l'exploitation du gaz de schiste au Québec?
La Pennsylvanie: un exemple à suivre?
La visite récente effectuée en Pennsylvanie par un groupe de citoyens préoccupés par ce développement a permis à la très large majorité des participants de conclure que cette industrie est une véritable invasion du territoire habité, causant non seulement des torts importants à l'environnement, à l'agriculture et au développement des énergies propres, mais imposant des coûts sociaux majeurs en matière de santé, de dévaluation des propriétés, de sécurité, d'entretien des infrastructures en transport, en traitement des eaux, etc.
Avant de citer en exemple cette expérience américaine comme un modèle pour le Québec, il est important de rappeler que La Pennsylvanie est depuis 1998 reconnue comme un État délinquant face à ces obligations de réductions des émissions atmosphériques polluantes. Aujourd'hui encore la Pennsylvanie pollue à outrance et demeure responsable d'une très grande partie de la pollution transfrontalière causant les pluies acides affectant le nord-est du continent. De nombreux problèmes de traitements d'eau liés au gaz de schiste ont été mis à jour depuis la dernière année.
De nouvelles fuites n'inspirent pas confiance
Pendant que le Québec est toujours aux prises avec plusieurs problèmes de fuites sur des puits existants, l'industrie en est toujours à "l'étape d'analyse" de la situation. De nouvelles fuites de gaz ont été constatées à Saint-Antoine-sur-Richelieu. La compagnie Junex a déclaré son intention de demander formellement à la direction de TVA de corriger l'information diffusée sur ses ondes et déposera une plainte au Conseil de presse du Québec. S'agit-il de manoeuvre d'intimidation? Qui a peur de la vérité dans cette histoire?
Un réel débat public sur l'énergie ne ferait-il pas la lumière sur ce qui est profitable à l'ensemble des citoyens?
Pour l'heure, il apparaît prioritaire et urgent de régler les problèmes existants et de s’assurer que l’industrie en assume l’entière responsabilité avant de poursuivre dans la promotion de ses affaires.
Citoyens de tous horizons - des scientifiques aux agriculteurs - gardent l'oeil ouvert
Malgré ses récentes sorties médiatiques, l’industrie se leurre en pensant que « le vent tourne » en sa faveur. La résistance citoyenne ne cesse de se structurer : un regroupement interrégional, deux regroupements régionaux, près de 60 comités de citoyens tout au long de la vallée du St-Laurent, des alliances entre les diverses régions du Québec et avec des mouvements dans d’autres provinces et à l’étranger.
L’UPA du Centre du Québec vient de joindre sa voix à l’opposition citoyenne. Les séances d'informations et les stratégies de résistance se multiplient.
Des citoyens vont contesterles décisions de la CPTAQ d'accorder l'accès des terres agricoles aux gazières.
De plus en plus de propriétaires ayant signé des ententes qui ont permis aux compagnies gazières de s'installer sur leurs terres jurent maintenant que si c'était à refaire, ils ne signeraient aucun contrat.
Des dizaines de milliers de citoyens ont signé une lettre de refus d’occupation de leur territoire. Les manifestations d’indignation et de revendication se suivent et se renforcent semaine après semaine.
Un Collectif scientifique réunit 155 chercheurs québécois qui exercent une vigile constante sur la question du gaz de schiste. Le Collectif entreprend un cycle de conférences tout au long de l’année pour expliciter les arguments qui les amènent à dénoncer le projet gazier et à demander que soient stoppée l’avancée de travaux qui vont à l’encontre du principe de précaution et du bien commun.
La résistance citoyenne a atteint un point de non retour. L’industrie doit reconnaître au plus vite qu’il est désormais impensable d’imposer à la population un projet qui va à l’encontre du bien public. L’acceptabilité sociale n’est pas une affaire de marketing social. Le véritable partenariat implique de la transparence et non pas de la collusion.
L'intérêt public doit primer sur l'intérêt de particuliers. Le développement des énergies propres doit rimer sur le développement des énergies sales. Il n’y aura pas de « pacte social » pour un projet insensé.
Rappelons que les citoyens sont appuyés dans leur défense de l'intérêt public par la majorité des groupes environnementaux, encore très présents dans cette lutte, et que l'AQLPA a fait ressortir ce dossier, il y a maintenant plus de deux ans...
Seront présents à la conférence :
Dominic Champagne, homme de théâtre et citoyen engagé
Serge Fortier, représentant des Citoyens
Denis Campeau, citoyen de Saint-Antoine-sur-Richelieu aux prises avec un puits qui fuit
André Bélisle, président de l'AQLPA
Lucie Sauvé, Collectif Scientifique
Daniel Breton, MCN21
Christian Vanasse, Conseiller municipal à St-Jude et membre des Zapartistes
Christian Simard, Nature Québec
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Entrevues:
Pascal Hébert : (514) 253-5774
André Bélisle : (418) 386-6992
Serge Fortier : (819) 371-7370