Le retour du ministre John Baird: un tour du chapeau pour le Canada
Cancùn, 29 novembre 2010 - Le gouvernement canadien, représenté par le ministre de l’Environnement fraîchement de retour en poste, John Baird, a donné le coup d’envoi à la Conférence des Nations unies sur le climat à Cancùn en remportant les première, deuxième… et troisième places des prix Fossiles du jour.
Avec en poche trois « Fossiles colossaux » de l’année, il semble que ce gouvernement maintienne inlassablement son approche, dangereuse, de l’enjeu des changements climatiques, dans l’espoir de remporter encore plus de prix fossiles. Le Canada s’est mérité son premier prix « Fossile colossal » lors de la Conférence de Bali sous le leadership du ministre Baird. Le prix du « Fossile du jour » est voté et décerné par plus de 400 organisations internationales aux pays ayant le plus bloqué ou nuit aux négociations de l’ONU sur le climat.
Le Canada a remporté les première, deuxième et troisième places pour les raisons suivantes :
Le Canada remporte la troisième position pour son effort spectaculaire tout au long de l’année à se mériter à nouveau le titre de « fossile colossal » décerné au pays contribuant le moins aux négociations.
« En janvier dernier, le Canada a abandonné sa cible peu ambitieuse, et l’a remplacée par une autre encore plus faible, afin de s’aligner sur la politique climatique des États-Unis. Le plan du Canada pour atteindre cette cible est, soyons charitables, toujours en voie d’élaboration. Et le personnage à qui on vient tout juste de confier à nouveau le portefeuille de l’environnement est nul autre que John Baird. Les vétérans des négociations s’en souviendront comme le ministre solitaire s’étant opposé, à la fin de la Conférence de Bali, à ce que les pays industrialisés se fixent des objectifs basés sur les meilleures connaissances scientifiques », a expliqué Steven Guilbeault, coordonnateur général adjoint d’Équiterre.
En deuxième position, nous avons encore une fois… le Canada. Nous savons déjà que le Canada n’a pas de plan pour réduire ses émissions. Il a par contre un autre plan, celui de couper plusieurs autres mesures, comme :
- le seul programme fédéral important pour favoriser les énergies renouvelables;
- un programme qui finance l’amélioration de l’efficacité énergétique des propriétaires de maisons;
- le financement de la Fondation du Canada pour la science sur le climat;
- les changements climatiques de l’agenda du G8 / G20 dont le Canada était l’hôte à l’été 2010;
- et, le dernier mais non le moindre : les politiques favorisant les carburants propres dans d’autres pays.
« Des documents internes révèlent que le Canada a tenté de tuer une politique du gouvernement des États-Unis en faveur des carburants propres afin de protéger son industrie des sables bitumineux, en travaillant avec des alliés tels que l’Administration Bush et Exxon. Avec des amis comme ceux-là, qui a besoin d’énergie propre ? », explique Graham Saul de Réseau action climat Canada.
Et maintenant, place au grand gagnant
Certains pourraient penser que le Sénat des États-Unis n’a pas été très aidant sur la question des changements climatiques.
« Au Canada, les sénateurs conservateurs ont « tué » un projet de loi progressiste sans se soucier de d’abord en débattre, laissant le Canada sans objectif de réduction basé sur la science et sans véritable plan pour atteindre la maigre cible de 2020 que le gouvernement apporte à ces négociations. C’est seulement au Canada que l’on peut trouver un Sénat qui mérite un fossile », explique Patrick Bonin de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.
Le Canada amorce donc les négociations avec une longueur d’avance dans la course aux fossiles en remportant trois prix aujourd’hui. « Tuer » un projet de loi progressiste, annuler le soutien pour les énergies propres et ne pas avoir de plan pour atteindre ses maigres cibles de réduction place le Canada en bonne position pour deux semaines d’humiliations à Cancun.
Même parti du mauvais pied, nous devons rappeler au gouvernement canadien qu’il n’est pas trop tard ! Aujourd’hui, c’est seulement le jour 1 des négociations. Il lui reste amplement de temps pour se nettoyer les yeux du goudron qui l’aveugle.
Les fossiles du jour sont présentés à tous les jours par un réseau de plus de 400 organisations non gouvernementales internationales à la suite d’un vote pour déterminer le pays ayant le plus retardé, nuit ou fait dérapé les négociations sur le climat à Cancùn en décembre 2010.
Pour plus d’informations:
Hannah McKinnon
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Réseau action climat Canada - Climate Action Network Canada est une coalition canadienne de plus de 75 organisations environnementales, religieuses, de développement, syndicales, des premières nations, de santé et de jeunes, toutes engagées à ce que le Canada agisse dans la lutte aux changements climatiques.