L’AQLPA invite le Québec à ne pas reproduire les erreurs du passé
Montréal, le 2 février 2010 - L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique(AQLPA) constate que le bilan des émissions de gaz à effet de serre(GES) du Québec, rendu public lundi, note une augmentation de 3,7 % des émissions de 2006 à 2007. Bien que l’AQLPA se réjouisse du fait que le Québec maintienne le plus faible taux d’émission de GES par habitant au Canada, elle rappelle néanmoins que les objectifs de Kyoto ne seront pas atteints.
Pour respecter Kyoto, explique André Bélisle président de l'AQLPA, "il fallait dès 2008 atteindre -6% de nos émissions de GES par rapport à ce qu’elles étaient en 1990 et maintenir ce -6% à chaque année de 2008 à 2012. Malheureusement, au rythme actuel, il semble que ce ne sera qu'en 2012 qu'on puisse atteindre l'objectif global fixé pour 2008-2012. Le Québec doit donc redoubler d'ardeur pour assurer l'atteinte de son nouvel objectif annoncé en décembre dernier soit un minimum de -20% en 2020 par rapport à 1990. Dans ce contexte, les émissions provenant du secteur des transports représentent un défi considérable à surmonter, défi auquel le gouvernement doit s’attaquer dès maintenant."
Croissance du parc automobile
L’augmentation observée des émissions de GES entre 1990 et 2007 au Québec est principalement attribuable au secteur du transport avec un accroissement de 29,3 %. Depuis 1991, les émissions sont en constante augmentation dans ce secteur. Selon les chiffres de la Société de l'assurance automobile du Québec(SAAQ), le parc automobile québécois s’est accru de 1 million de véhicules légers entre 1997 et 2007, passant d'environ 4 millions à 5 millions de véhicules, d'où notamment, une augmentation des GES liés au transport.
Dans ces conditions, l'AQLPA est d’avis que la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, madame Line Beauchamp, doit maintenir le cap comme prévu et mettre en vigueur les normes californiennes en matière d’émissions de GES des véhicules automobiles. "Le gouvernement devra aussi agir de manière résolue pour freiner la croissance du parc automobile et faciliter le transfert vers des modes de transport durables" indique André Bélisle, "il aura une bonne occasion lors du prochain budget où il devrait augmenter substantiellement le budget alloué aux transports collectifs qui était, en 2009, d’à peine 2 milliards $ contre 15 milliards $ pour le réseau routier. Le gouvernement devrait donc rééquilibrer ses investissements et offrir une part plus équitable pour les transports collectifs urbains et interurbains."
Production d’électricité
Outre l’augmentation des émissions provenant du secteur des transports, le secteur de la production d’électricité avec 1,7 mégatonne doit aussi être gardé à l’œil selon l’AQLPA. En effet, pour la période à l’étude, la majeure partie de l’augmentation est le fait de la centrale de Bécancour. Selon André Bélisle, "la centrale au gaz de Bécancour est en totale contradiction avec nos engagements de réduction des GES. Sans compter que nous payons 150M$ par année, soit 450M$ depuis 2008 pour qu'elle ne produise plus. Et il en sera ainsi au moins jusqu'en 2016! Voilà bien l'envergure du non-sens du virage thermique proposé par Hydro-Québec et autorisé par deux gouvernements successifs au début des années 2000."
L'AQLPA se console toutefois en se rappelant qu’à l’époque c’est la création de la Coalition Québec-Kyoto et l’opposition populaire au virage thermique qui avaient permis d'éviter la construction de 11 autres centrales au gaz, dont la mémorable centrale Le Suroît.
Exploration gazière et pétrolière
Dans le dossier de l’exploration gazière et pétrolière, le président de l'AQLPA tient à rappeler que pas moins de 600 permis d'exploration ont été émis par le MRNF pour la production de gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. "Le tout, sans encadrement réglementaire, sans information publique et ce malgré les impacts négatifs attendus, si on en juge par l’exemple des États-Unis et de l'Ouest canadien", juge André Bélisle.
Selon lui, "pour éviter les erreurs du passé, il faut absolument que le gouvernement du Québec décrète un moratoire immédiat sur l'émission de permis de production de gaz de schiste et lance une audience générique sur l'ensemble de la question de la production et de l'utilisation des gaz de schiste".
L’AQLPA s’inquiète donc également d’une éventuelle exploration des hydrocarbures au Québec, exploration qui pourrait s’avérer catastrophique pour l’environnement au moment où le Québec devrait se doter d’un plan pour s’affranchir de sa dépendance aux combustibles fossiles.
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