Québec fait un effort notable, mais en dessous de ce que requière la science
Montréal, le 23 novembre 2009 - À deux semaines de la conférence de Copenhague, l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), la Coalition Québec Kyoto, Greenpeace et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) expriment leur déception face à la cible de réduction annoncée par le gouvernement Charest de moins 20% des émissions de GES au Québec à l’horizon 2020 sous le niveau de 1990.
«Québec présente aujourd’hui une cible insuffisante compte tenu qu’il a tout en main pour être bon premier, mais il assoit son rôle de chef de file en Amérique du Nord. Grâce à son immense potentiel en termes d’efficacité énergétique et en énergies vertes le Québec est la province canadienne la mieux placée pour atteindre une réduction d’au moins 25% en 2020», affirme André Bélisle porte-parole de QuébecKyoto et président de l’AQLPA. Les groupes saluent toutefois l’intention de Québec de faire comme l’Europe qui s’est engagée à faire passer ses réductions à moins 30% dans l’éventualité où les autres pays industrialisés feraient des efforts comparables.
La communauté scientifique internationale représentée dans le GIEC est unanime: les pays industrialisés doivent réduire d’au moins 25 à 40% leurs émissions de GES sous le niveau de 1990 d’ici 2020 sinon nous risquons la catastrophe climatique. «Pourquoi le Québec ne prend-t-il pas exemple sur d’autres pays industrialisés comme le Japon, la Suède, la Norvège ou l’Allemagne, qui se sont fixés des cibles plus ambitieuses?», s’interroge Virginie Lambert Ferry de Greenpeace. «Pourtant, l’avenir appartient à ceux qui sauront se libérer du pétrole», ajoute André Bélisle, «le Québec doit réviser sa cible à la hausse, abandonner l’idée d’acheter des crédits hors Québec et prendre résolument la voie d’un véritable développement économique vert.»
NON AUX CREDITS CARBONE - Outre la fixation d’une cible de réduction insuffisante, la proposition gouvernementale est critiquée pour son manque d’actions ciblées en sol québécois. En effet, le gouvernement mise sur l’achat de crédits carbone à l’extérieur plutôt que de concentrer la totalité des efforts de réduction au Québec. «C’est l’admission d’un double échec», mentionne Arthur Sandborn Responsable climat au RQGE, «car non seulement le Québec ne réduira pas suffisamment ses émissions en proposant des réductions de 20% mais les réduira encore moins sur son propre territoire en profitant des réductions réelles accomplies par d’autres.» Force est de constater que le Québec rejette l’idée de se libérer des combustibles fossiles.
UNE CIBLE DE RÉDUCTION DE 25% OU PLUS ! - C’est possible, réaliste et souhaitable. L’argument voulant que le Québec fasse déjà sa part et ne soit donc pas obligé de faire autant qu’ailleurs au Canada est critiqué de toute part. En 2012, les émissions de GES au Québec devraient être à moins 6% par rapport à l’année de référence de 1990. Pour atteindre une réduction d’au moins 25% en 2020, le Québec n’a, dans les faits, qu’à réduire que d’un 19 % supplémentaire. À titre comparatif, les provinces de l’Alberta et la Saskatchewan, aux prises avec des énergies sales, devront réduire de plus de 50% leurs émissions pour assurer leur juste part de l’effort de réduction des GES du Canada. Tout compte fait, les efforts de réduction québécois sont modestes pour un territoire privilégié.
UN PLAN POUR S’ATTAQUER AUX TRANSPORTS EN PRIORITÉ - Les groupes rappellent qu’il est urgent pour le Québec de produire un plan d’action 2013-2020 qui permettra d’atteindre les objectifs susmentionnés et s’attaquera de manière prioritaire au secteur des transports, responsable de 40% des émissions de GES au Québec. Il faut donc des actions vigoureuses dans ce secteur comme le développement du transport en commun, le transfert modal, la réduction de l’usage du transport par route et l’électrification progressive des transports. L’économie d’énergie, l’efficacité énergétique ainsi que le développement d’énergies vertes, telles l’énergie éolienne, l’énergie solaire et la géothermie, doivent aussi être privilégiés et accélérés.
De plus, les groupes rappellent au gouvernement qu’une réduction ambitieuse doit être envisagée non pas comme un frein au développement mais bien au contraire, comme le début d’une révolution énergétique et l’émergence d’une économie verte prospère pour le Québec et la planète.
Pour de plus amples informations :
André Bélisle, président de l’AQLPA et porte-parole de QuébecKyoto: (418) 386-6992
Virginie Lambert Ferry, Responsable Campagne Climat-Énergie, Greenpeace, (514) 217-5438
Arthur Sandborn, Responsable climat RQGE : (514) 235-5955