Aglukkaq à Varsovie : Le Canada «chef de file» nous guidant vers la crise climatique?
Varsovie, le 20 novembre 2013 - La ministre de l’environnement du Canada, Mme Leona Aglukkaq a affirmé lors de son premier passage dans une conférence des Nations Unies sur les changements climatiques que le Canada joue un rôle de « chef de file » dans les négociations sur le climat. Mais « Mme Aglukkaq n’a rien à proposer à Varsovie et le Canada bloque la négociation sur trois points essentiels pour arriver à un accord global à Paris en 2015 » selon Alain Brunel, directeur climat-énergie de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).
Premier point : Finance
Le Canada a participé à hauteur de 1,2 milliard de dollars au financement précoce (Fast-Start Finance) de projets d’atténuation des émissions ou d’adaptation aux changements climatiques sur la période 2010-2012 dans des pays pauvres. Mais il n’a pas l’intention d’ajouter d’argent frais d’ici 2015 et n’a rien mis sur la table pour la période 2015-2020. Or, à Copenhague en 2009, les pays développés s’étaient engagés à avancer $100 milliards par année d’ici 2020 pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter aux coûts énormes des changements climatiques. La Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, Mme Christiana Figueres, affirme qu’il faudrait quelque $1 000 milliards par année pour faire face à partir de 2020. Où s’en va le «chef de file» sur ce sujet? «A Varsovie, il faudrait minimalement que les pays s’entendent pour financer à court terme le Fonds vert pour le climat et que ces sommes augmentent progressivement d’ici 2020 pour atteindre les montants promis à Copenhague», ajoute Alain Brunel.
Deuxième point : Perte et dommages
Le super typhon Haïyan de catégorie 6 est un exemple de plus des coûts énormes associés au déchaînement des éléments dans un monde où l’atmosphère contient 400 parties par million de dioxyde de carbone. Avec la hausse inévitable du niveau des mers et l’accélération du cycle de l’eau dans un monde plus chaud, ces coûts ne vont qu’augmenter dans le futur. Étant donné la responsabilité historique des pays riches dans la déstabilisation du climat et leur manque apparent de volonté pour réduire les émissions, les pays les moins développés et ceux du G77 plus la Chine demandent la mise en place d’un Fonds spécial pour les pertes et dommages. Le Canada, comme les autres membres du groupe parapluie (dont les USA), ne veut pas d’un fonds dédié à des réparations. Cela créerait un précédent dangereux. Il préfère traiter ces questions dans le financement pour l’adaptation. Mais justement où est le financement? Le «chef de file» ne peut nous le dire.
Troisième point : Réduction des émissions
Alors qu’il faudrait hausser significativement le niveau d’ambition de réduction des émissions avant 2020 pour avoir une chance de limiter la hausse du thermomètre global à deux degrés, le Canada n’a pas l’intention d’aller en ce sens. Il est même en train de rater sa cible d’une réduction de 17% d’ici à 2020 par rapport à 2005, cible déjà en retrait par rapport à ce qu’il avait annoncé à Copenhague. Si la tendance actuelle se poursuit et selon les propres projections d’Environnement Canada, le Canada présentera plutôt une augmentation de 20% de GES en 2020, toujours par rapport à 2005. Les efforts notables de plusieurs provinces, dont le Québec et surtout l’Ontario, seront effacés par la hausse des émissions liées aux sables bitumineux. Pour Alain Brunel, « le Canada a perdu toute crédibilité internationale en matière de réduction des émissions. Les faits démentent constamment ses belles paroles et ses supposées intentions.»
« Tout se passe comme si le Canada n’avait pas pris conscience l’ère des bouleversements climatiques majeures dans laquelle nous sommes entrés » conclut Alain Brunel. « En défendant bec et ongles et à tout prix le développement illimité des énergies fossiles les plus sales, en refusant de mettre en place des dispositifs efficaces pour réduire les GES, en ayant depuis 2006 une attitude de retrait ou de blocage dans les négociations internationales sur le climat, le Canada est bien un chef de file, mais il est le chef de file qui nous mène tout droit et au plus vite vers un emballement climatique sans précédent dans l’histoire de l’humanité. »
Selon André Bélisle, président de l’AQLPA, «le Canada, qui se dit «chef de file» dans les négociations, est plutôt un chef de file qui se défile de ses responsabilités face aux changements climatiques et ce, en parfaite contradiction avec la volonté de la grande majorité de la population canadienne.»
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Source
Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
Louise Lévesque, directrice des communications
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Contacts
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Alain Brunel, directeur climat-énergie AQLPA
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