PACC2020, le gouvernement du Québec manquera-t-il encore le bateau? AQLPA, Greenpeace, Nature Québec
Montréal, le 3 juin 2012 – L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Greenpeace au Québec et Nature Québec sont dans l’ensemble déçus du Plan d'action 2013-2020 du Québec sur les changements climatiques (PACC2020) publié aujourd’hui et ce, malgré les quelques bonnes mesures qui s’y retrouvent. Les organisations constatent l’incohérence dans l’appareil gouvernemental et appellent les ministères récalcitrants à se ranger derrière celui de l’environnement plutôt que de lui barrer la route.
« Après avoir raté les objectifs de Kyoto pour la période 2008-2012 malgré son discours jovialiste et les conseils de ses "experts" depuis 2006, le gouvernement du Québec est empêtré dans ses contradictions et risque de manquer son objectif pour 2020. Bien que le ministre de l'environnement, monsieur Pierre Arcand, ait démontré une volonté réelle de pousser sur son gouvernement, celui-ci lui fait faux bond » selon André Bélisle, président de l’AQLPA.
Selon les organisations, le PACC2020 n’identifie qu’un tiers des mesures nécessaires pour atteindre la cible d’émission de gaz à effet de serre (GES) que s’est fixée le Québec pour 2020. De plus, contrairement au Plan 2006-2012, le PACC2020 ne mentionne pas la quantité d’émissions de GES réduites ou évitées pour chacune des mesures identifiées, ce qui représente un recul. Finalement, le gouvernement ne prévoit pas d’évaluation annuelle du plan par le commissaire au développement durable dont le dernier rapport a démontré toute la pertinence d’une telle évaluation. La révision prévue sera plutôt faite en 2016, soit trop tard pour réajuster significativement le tir si le gouvernement n’est pas en voie d’atteindre sa cible de 2020.
Incohérence
Au delà des lacunes mentionnées, Nicolas Mainville de Greenpeace au Québec souligne
qu’« il apparaît ironique que d'un côté, le ministre de l'Environnement tente de réduire l'empreinte du Québec sur le climat, alors que de l'autre côté celui des Ressources Naturelles prévoit une expansion massive de l'exploitation industrielle des écosystèmes du Nord et un plongeon vertigineux vers les énergies sales comme les gaz de schistes et le pétrole. Le manque de cohérence entre les différents ministères risque de couter des millions de dollars en crédit de carbone aux contribuables plutôt que de permettre l'émergence d'une économie verte à faible teneur en carbone».
Pour Christian Simard, directeur général de Nature Québec, « le plan d’action présenté aujourd'hui indique clairement que trois des plus importants ministères dans ce dossier, soient ceux des Finances, du Transport ainsi que des Ressources naturelles ne sont pas encore au rendez-vous. Il est urgent de réduire notre dépendance au pétrole et ces ministères doivent mettent l’épaule à la roue plutôt que d’y insérer des bâtons ».
Financement anémique en transports collectifs
Le PACC2020 prévoit des réductions de GES de l’ordre 6 millions de tonnes alors qu’il faudrait réduire ou éviter 17,3 millions de tonnes pour atteindre la cible de 2020. Alors que le secteur des transports représente la plus grande source de GES au Québec, l’AQLPA, Greenpeace et Nature Québec sont sidérés par le déséquilibre dans les transports. En transports collectifs, alternatifs et actifs, le PACC2020 prévoit 1,5 milliards de dollars, alors que seulement pour les transports collectifs, les besoins sont évalués à 25 milliards d’ici 2020. À titre comparatif, près de 17 milliards entre 2010 et 2015 auront été engouffrés dans la construction de routes, de ponts et de viaducs au profit du transport individuel. Le manque de financement pour l’électrification des transports fait aussi douter aux organisations la réelle atteinte des objectifs modestes du gouvernement québécois en matière de réduction de la consommation de pétrole.
Quelques mesures dignes de mention
Tout en soulignant l’obligation de bonifier le PACC2020, les organisations saluent certaines mesures proposées dont l’instauration d’un marché du carbone qui nécessitera toutefois un suivi attentif pour s’assurer de l’efficacité du système. La mise en place d’un Programme d’inspection obligatoire des véhicules automobiles (PIEVA) et d’un système de remise-redevance à l’achat de véhicules neufs (bonus-malus) sont également des actions positives, quoique le bonus-malus devrait être instauré bien avant 2015, soit dès 2013. Le renforcement annoncé des normes d’émission des véhicules pour 2017 et une éventuelle norme sur la teneur en carbone des carburants sont pour leur part accueillis avec optimisme. Finalement, la mise en place d’un comité consultatif sur le suivi et la mise en œuvre du PACC2020 est saluée mais devra être accompagnée de rapport annuel par le vérificateur général de manière à s’assurer d’une évaluation objective et complète.
En terminant, Patrick Bonin, directeur climat-énergie AQLPA rappelle que, « selon les experts en sciences du climat, les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de GES de 25 à 40% d’ici 2020 par rapport à 1990 ». L’AQLPA, Greenpeace et Nature Québec sont disposées à aider le gouvernement pour qu’il renforce ses actions de manière à faire sa juste part.
VERSION PDF DU COMMUNIQUÉ
Le Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques
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Sources :
Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
Greenpeace au Québec
Nature Québec
Contacts :
André Bélisle, président AQLPA
T 418-642-1322 poste 223 / C 418-386-6992 / andre.belisle@aqlpa.com
Patrick Bonin, directeur climat-énergie AQLPA
T 450-818-1850 / C 514-594-1221 / pbonin@aqlpa.com
Nicolas Mainville, Greenpeace au Québec
C 514-214-0843 / nicolas.mainville@greenpeace.org
Christian Simard, directeur général Nature Québec
C 418-928-1150 / christian.simard@naturequebec.org