L’usine de liquéfaction STOLT à Bécancour : L’AQLPA questionne les gains avancés en termes de GES
Saint-Léon-de-Standon, 27 août 2015 – L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) reconnaît que le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel de Stolt LNGaz annoncé mardi dernier est intéressant économiquement pour la Côte nord qui recevra une nouvelle source d’énergie de combustion compétitive ainsi que pour la région de Bécancour qui accueille l’usine. Il peut aussi améliorer la qualité de l’air localement car la combustion du gaz naturel émet moins de contaminants atmosphériques que le mazout. Mais l’AQLPA questionne les gains anticipés en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au mazout ou au diesel car ils dépendent de deux facteurs qui sont actuellement sous-estimés ou omis par les acteurs de la filière et par le gouvernement.
« La réduction des GES annoncée dans ce projet ne prend pas en compte deux facteurs incontournables selon l’AQLPA. Premièrement les émissions fugitives de méthane liées à l’extraction, au transport et à la distribution doivent être ajoutées au bilan GES du processus. Des études scientifiques récentes, étayées par des mesures atmosphériques régionales, montrent que les émissions fugitives réelles de méthane induites par l’extraction et les processus industriels aux USA sont sous-estimées au moins d’un facteur 2 et jusqu’à un facteur 5 par rapport aux évaluations nationales actuelles de l’Environmental Protection Agency. À elle seule, la prise en compte des émissions fugitives réellement observées relativiserait fortement la réduction des GES », observe Alain Brunel, le directeur climat énergie de l’AQLPA.
« Le deuxième point négligé de l’analyse concerne le potentiel de réchauffement planétaire (PRP) du méthane. Le méthane, principal gaz à effet de serre du gaz naturel, a un potentiel de réchauffement 25 fois supérieur au dioxyde carbone sur une durée de 100 ans, selon les données de 2007 qui sont la référence officielle actuellement, mais un potentiel 75 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur 20 ans. Or cette valeur de réchauffement sur 20 ans est absente de l’analyse des conséquences du projet. Elle devrait pourtant être priorisée pour une usine qui a une durée de vie estimée à 50 ans. Ce qui veut dire que les émissions de méthane auront ce potentiel maximal de réchauffement de 75 fois le dioxyde de carbone sur 50 ans + 20 ans = 70 ans, soit presque d’ici la fin du siècle où l’on devrait être à zéro émission de GES. Donc la prise en compte du triplement de la valeur de réchauffement du GNL ferait fondre l’avantage présumé du gaz naturel en termes de réduction de gaz à effet de serre ».
« Ces questions importantes sont ici négligées, conclut Alain Brunel, alors même que trois autres projets de liquéfaction de gaz naturel sont à l’étude, le projet de Gaz Métro GNL à Montréal, le projet de Tugliq Énergie en Gaspésie et le projet GNL Québec (Énergie Saguenay) qui vise les marchés d’exportation. Et alors que les chambres de commerce remettent encore sur le tapis l’intérêt d’exploiter le gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent. Ce portrait d’ensemble laisse penser que les émissions réelles de GES associées au gaz naturel jouent un rôle somme toute bien relatif dans cette nouvelle ferveur à l’endroit du gaz naturel liquéfié… Pour l’AQLPA, seul l’usage du biométhane renouvelable est susceptible de réduire véritablement les émissions GES à la hauteur des exigences requises par les scientifiques du climat.»
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Source
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