Compteurs à radiofréquences : quelques enjeux
L’intervention de l’AQLPA au sujet des compteurs intelligents s’inscrit dans une suite logique avec les antennes relais de téléphonie cellulaire, dans le contexte plus large de la multiplication des sources d’émissions d’ondes électromagnétiques.
L’AQLPA convient qu’il peut y avoir certains avantages environnementaux au déploiement de compteurs intelligents, mais puisque les risques sanitaires liés aux émissions continues de radiofréquences ne sont ni écartés ni démontrés clairement, et puisqu’il n’existe aucune étude de santé spécifique à la nouvelle technologie « compteurs à radiofréquences », l’AQLPA croit que l’application du principe de précaution est justifiée.
Avantages environnementaux des compteurs intelligents
Une baisse importante de production de gaz à effet de serre
Les déplacements actuellement requis afin de lire chaque mois ou chaque deux mois les trois millions de compteurs du Québec représentent des émissions de gaz à effet de serre évaluées à 2018 tonnes de CO2 équivalent, ainsi qu’une importante source de pollution atmosphérique.
Des gains du côté de l’efficacité énergétique
L’informatisation des données de chaque compteurs fournira, tant à Hydro-Québec qu’aux clients, des outils permettant une meilleure efficacité énergétique, dans la mesure où la volonté des consommateurs sera au rendez-vous.
Ainsi, on pourrait envisager à l’avenir qu’Hydro-Québec fournisse à ses clients, sur le site Internet déjà utilisé pour leur permettre de payer leurs comptes, des données plus détaillées sur leur propre consommation, avec possibilité de constituer des tableaux et statistiques. Chaque client pourrait ainsi mieux visualiser sa courbe de consommation et identifier les moyens qu’il pourrait volontairement mettre en œuvre pour réduire celle-ci et réduire ses coûts énergétiques.
Des données plus fines de consommation permettraient à Hydro-Québec de mieux planifier sa demande.
Par la fait même, la Société d’état pourra mieux gérer ses investissements et achats d’énergie, réduisant son risque de devoir acheter d’urgence et à court terme de l’électricité de source plus polluante.
Les nouveaux compteurs pourront effectuer le mesurage inversé.
Ceci permettra aux clients qui installeraient des sources autonomes de production électrique chez eux (mini-éoliennes, panneaux solaires, etc.) d’alimenter à certaines conditions le réseau d’Hydro-Québec lorsque inutilisées par ces clients.
Des transmissions plus nombreuses que prévues
Étant donné que les nouveaux compteurs d’Hydro-Québec sont aptes à conserver en mémoire jusqu’à un mois de données de mesurage, on se serait donc attendu à ce que ceux-ci transmettent leur information qu’une fois par mois (ou à la rigueur deux fois par mois). Un tel rythme de transmission de données aurait été amplement suffisant, puisque les factures issues de ces données n’auront à être émises qu’une fois par mois ou aux deux mois.
Hydro-Québec avait toutefois annoncé en 2011 que ses compteurs transmettraient les données de chacun jusqu’à 6 fois par jour, ce qui apparaissait déjà fort élevé. Une évaluation indépendante a toutefois révélé que les nouveaux compteurs d’Hydro-Québec émettaient en fait entre 1440 et 2880 fois par jour, soit environ une fois toutes les 30 à 60 secondes. Le nombre de fois que les informations propres à chaque client sont transmises reste limité à 6 fois par jour, par contre, la synchronisation entre les compteurs porte le nombre de ces transmissions à environ 1500 fois par jour.
Hydro-Québec n’a pas fourni de véritable explication quant à l’utilité de ces multiples émissions journalières, sauf pour ce qui est de détecter les pannes de courant plus rapidement. Pourtant, en Suède on évite ces émissions multiples car la prise de mesures est limitée à une fois par mois (1). Or, les compteurs projetés d’Hydro-Québec émettent continuellement des radiofréquences afin de manifester leur présence à la centrale de données, même s’ils n’émettent aucune information de mesurage. Il semblerait, selon certaines déclarations, que l’horloge de chaque compteur soit continuellement remise à jour ; en Californie, des compteurs similaires resynchronisent leur horloge par radiofréquence avec la centrale toutes les cinq minutes sans utilité apparente. Les émissions de radiofréquence de chaque compteur sont par ailleurs multipliées du fait que chacun est susceptible de servir de relais à la réception et à la retransmission des données de tous les autres compteurs de son voisinage, jusqu’à ce que celles-ci soient reçues par un nombre limité de routeurs et collecteurs dans la municipalité.
L’AQLPA recommandé que le projet d’Hydro-Québec soit suspendu jusqu’à ce que celle-ci ramène à six par jour (ou moins) la périodicité de ses émissions de radiofréquence comme celle-ci l’avait initialement annoncé (2) et à l’image de ce qui semble être le cas en Suède.
(1) ANDRESEN, Therese, «Technical and economical aspects of remote data transmission ways for Smart Meters», Chalmers University of Technology, 2009, page 21, point 3.2 et page 24.
(2) HYDRO-QUÉBEC DISTRIBUTION, « Projet de lecture à distance – Phase 1 », R-3770-2011-B-0006, 30 juin 2011, page 33.