Comptabilité créative, mépris et faux prétextes
Texte de réflexion d’André Bélisle, président de l’AQLPA
Saint-Léon-de-Standon, le 13 août 2013. Il est clair pour moi qu'il y a présentement une stratégie de dénigrement envers le développement de toutes les énergies vertes, en premier lieu envers l'éolien mais aussi le biométhane.
Je suis intervenu auprès des médias à quelques occasions dernièrement pour faire réaliser qu'on exagère sérieusement l'écart entre le prix du kilowatt/heure (kWh) éolien et de l'hydroélectricité, sans succès.
Il me semble que nous sommes face à une nouvelle arnaque en affirmant, comme le font Hydro-Québec, l'Union des consommateurs et certains experts plutôt favorables au gaz, que le coût de production est de 0,059$ pour l'électricité au Québec. Si je comprends bien, cela exclut les coûts de transport de l'électricité et les droits hydrauliques en ce qui à trait à l'hydroélectricité, soit près de 0,05$ du kWh.
Si je me rappelle bien, il a été établi que le coût de la nouvelle production hydroélectrique comme La Romaine était autour de 0,11$ du kWh, tous frais inclus. Il semble que la comptabilité créative d'Hydro Québec, qui ramène ce coût à 0,059$ du kWh, a été reprise allègrement et à l'unisson par certains groupes et les médias. Ce qui me frappe c'est que cela nous ramène au coût de production d'électricité au gaz... de schiste!
De plus cela démontre un mépris évident pour les énergies propres et renouvelables, même l'hydroélectricité. Avec un raisonnement semblable, on condamnerait René Lévesque pour avoir choisi de nationaliser et développer l'hydroélectricité parce qu'à ce moment on aurait pu produire de l'électricité moins chère avec les combustibles fossiles, surtout le mazout lourd.
Rappelons-nous les tentatives avortées des promoteurs du gaz comme André Caillé et ses comparses à l'intérieur de la boîte, pour qu'Hydro Québec vire au gaz avec les 12 centrales électriques au gaz comme Le Suroît et Bécancour.
De plus, on blâme les coûts du développement éolien pour une possible augmentation de 0,035$ des coûts de l'électricité pour les consommateurs, mais on ne parle pas de Bécancour et du gaspillage de plus d'un MILLIARD de dollars dans cette folie que nous payons, nous les consommateurs.
Je suis convaincu qu'on assiste ainsi à une nouvelle tentative pour VIRER AU GAZ et PLANTER LES ÉNERGIES VERTES sous des prétextes de fausses économies pour les contribuables.
Pire, cela condamnerait le choix des québécoises et des québécois qui, avec René Lévesque, depuis les années 60 ont toujours favorisé l'indépendance énergétique ainsi que les énergies propres et renouvelables, quitte à payer un peu plus cher au début pour leur développement.
D’ailleurs partout dans le monde, les coûts de production de l’électricité éolienne diminuent sensiblement au fur et à mesure que cette industrie se développe, passant de 0,11$ à 0,08$ et même à 0,07$ du kWh chez nos voisins aux États-Unis. Par contre, pour l’hydroélectricité, les coûts vont en augmentant proportionnellement à l’accroissement des distances entre les lieux de production, toujours plus loin, et les grands réseaux de transport installés.
Connaissant la prédilection du Québec pour les énergies propres et renouvelables, comment peut-on sérieusement remettre en question ce choix de société on ne peut plus rentable et profitable en considérant, en plus, le contexte du réchauffement planétaire ? Poser la question c'est un peu y répondre.
L'indépendance énergétique du Québec et notre désir d'énergies propres nuisent aux projets de développement des pétrolières et gazières et aux profits qu'elles feraient sur le dos des contribuables, au détriment de l'environnement...
Je conclus donc qu'il faudra remonter au front pour éviter ce déraillement programmé.
Salutations solidaires et bonnes réflexions,
André Bélisle