Les contraintes de la biométhanisation
L’acceptabilité sociale
Bien que les bénéfices environnementaux du biogaz et du biométhane soient nombreux, il est possible que les projets d’implantation d’usines de biométhane ne soient pas perçus ainsi et rencontrent de l’opposition. Il y a plusieurs raisons pour cela:
- craintes d’odeur et de bruit;
- perception de gestion de déchets;
- augmentation du camionnage;
- confusion avec les agrocarburants ou le compost;
- coûts élevés;
- perception d'inefficacité.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il s’avère essentiel de sensibiliser la population locale bien avant l’implantation des projets de biométhanisation. L’expérience à l’AQLPA nous a appris qu’il ne faut pas sous-estimer à quel point la question du biométhane est une notion complexe à vulgariser.
Les quantités minimales pour la biométhanisation
Certains projets sont difficiles à réaliser si les quantités sont peu importantes, surtout si l’on veut remplacer le gaz naturel fossile par le biométhane. Il est bien sûr possible d’utiliser alors le biogaz pour le chauffage ou dans les appareils peu sophistiqués (ex : bouilloire pour utilisation de vapeur).
Toutefois, en bas d’un tonnage de 12 000 tonnes de déchets organiques/an, il peut être difficile de rentabiliser un projet de biométhane. Idem pour les projets de ferme individuels. Il serait beaucoup plus intéressant de réaliser ensemble des projets, que ce soit la combinaison de plusieurs fermes ou encore en collaboration entre les fermes et l’usine de biométhanisation municipale. Actuellement, le programme de biométhanisation à l'intention des municipalités n'autorise que 10 % des déchets organiques agricoles qui peuvent être traités par les usines de biométhanisation municipal, ce qui prive celles-ci de quantités potentiellement importantes de déchets. Cela soulève également la question de base si l’on veut optimiser les usines de biométhanisation, c’est-à-dire la propriété et la priorité des déchets organiques.
L’importance des subventions gouvernementales
Les subventions gouvernementales sont essentielles pour mettre en place les usines de biométhanisation. Cela ne devrait toutefois pas constituer un obstacle étant donné que l’industrie pétrolière et gazière est fortement subventionnée par les États et que ces sommes sont bien supérieures aux subventions accordées au secteur des énergies renouvelables. Et s'il faut inclure à la fois les coûts de la production du biométhane et de sa purification, il faut également calculer les profils liés à la vente du biométhane (incluant la réduction des coûts dus au remplacement du mazout ou du gaz naturel fossile).
De plus, le calcul des usines de biométhane doit inclure les coûts évités de l'alternative, soit celle d'avoir à acheter un nouveau site d'enfouissement ou à en agrandir un nouveau. Cette situation est problématique et ce, pour diverses raisons: cela va totalement à l'encontre des objectifs gouvernementaux de valorisation. Un nouveau site d'enfouissement coûte des millions de dollars et implique de très longs délais d'approbation réglementaire ainsi qu'un processus complexe. L'acceptabilité sociale pour un nouveau site d'enfouissement est nulle.