Impacts des changements climatiques
Le plus récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été publié à l’automne 2013. Dans la foulée des préparatifs pour la 19e Conférence des parties sur le climat à Varsovie, l’équipe Climat-Énergie de l’AQLPA a préparé un sommaire des effets des changements climatiques relatés dans le rapport du GIEC. L’équipe a également colligé trois tableaux des impacts des changements climatiques par région du globe : les Amériques, l’Asie et l’Europe, l’Afrique, l’Australie, les Îles du Pacifique et l’Antarctique.
Les éléments ci-dessous, tirés principalement du rapport du GIEC 2007, demeurent pertinents.
Les conséquences anticipées
Les augmentations de température prévues au cours des 100 années à venir risquent d'être supérieures à toutes les augmentations du genre qui se sont produites en 10 000 ans. Les effets des changements climatiques pourraient avoir des conséquences imprévisibles. Le GIEC - regroupant 135 pays et 2 500 scientifiques - a rappelé dans son rapport de 2007 que le doublement des concentrations de GES se traduira par une plus grande vulnérabilité de la santé humaine, des écosystèmes, et des divers secteurs de l'activité économique.
Les changements climatiques résulteront en plusieurs problèmes à l'échelle de la planète, du Canada et du Québec :
- une hausse des températures moyennes de l'ordre de 1 à 4°C, voire plus selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) . Pour sa part, la Banque mondiale (BM) parle d’un réchauffement potentiel de 4 °C d’ici 2100;
- un réchauffement largement supérieur à la moyenne planétaire aux hautes latitudes;
- la perturbation du régime des pluies avec de plus fortes disparités saisonnières tout particulièrement dans l'hémisphère Nord;
- des sécheresses plus fréquentes et plus étendues au nord de la zone subtropicale;
- une extension de la zone des moussons;
- des inondations plus violentes et des tempêtes plus nombreuses (ouragans, cyclones et tornades);
- un renforcement de la désertification dans les zones arides ou semi-arides;
- des pénuries d'eau plus marquées;
- une fragilisation de plusieurs zones littorales fortement peuplées;
- la migration des écosystèmes forestiers de 150 à 550 kilomètres vers le nord avec un potentiel d'adaptation diminué ou des disparitions brutales;
- une possibilité de recrudescence des maladies infectieuses suivantes : paludisme, dengue et fièvre jaune imputable à l'aire de répartition et à la période de reproduction des vecteurs de transmission;
- une hausse du niveau de la mer (entre 15 et 95 centimètres) par dilatation thermique et fonte des glaciers.
Des conséquences déjà visibles
Selon le quatrième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) rendu public en 2007, les principales conséquences déjà visibles sont :
- le réchauffement des 100 dernières années : 0,74°C;
- l'accélération de certains phénomènes comme la progression des concentrations de GES de +2,2 parties par million par an (ppm/an) entre 2000 et 2005 contre +0,35 ppm/an entre 1850 et 2000;
- des records de chaleur (11 des 12 années qui viennent de s’écouler comptent parmi les plus chaudes depuis 1850);
- une élévation du niveau des mers.
Effets sur les écosystèmes
Les prévisions pour l’an 2100 ne sont guère rassurantes : selon les scénarios, la température moyenne à la surface du globe devrait s’élever entre 1,1 et 6,4°C, avec une meilleure estimation de réchauffement comprise entre 1,8°C et 4°C. Les précipitations augmenteraient dans les hautes latitudes et baisseraient dans les zones subtropicales. Les canicules et vagues de chaleur continueront à être plus fréquentes avec des sécheresses plus longues et plus intenses en zones tropicales et subtropicales. Les cyclones tropicaux seront quant à eux plus intenses, mais pas forcément plus nombreux.
Le rapport du GIEC de 2007 prévoit aussi une extinction massive d’espèces liée au bouleversement des cycles naturels (saisons, températures, microclimat), où 20 à 30% des espèces végétales et animales connaîtront un risque croissant d’extinction si les augmentations de la température mondiale dépassent 1,5 à 2,5°C par rapport à 1990.
Voici d'autres exemples d'effets du réchauffement sur les écosystèmes :
- extension et accroissement des lacs glaciaires;
- instabilité accrue des sols dans les régions de pergélisol et éboulements dans les régions montagneuses;
- transformations de certains écosystèmes en Arctique et en Antarctique, y compris des biomes des glaces de mer et des prédateurs du sommet de la chaîne alimentaire;
- débit accru et crue de printemps plus précoce de nombreux cours d’eau alimentés par la fonte des glaciers et de la neige;
- réchauffement des lacs et des cours d’eau dans de nombreuses régions, entraînant des conséquences sur la structure thermique et la qualité de l’eau;
- la précocité de certains événements printaniers, tels que le débourrement, la migration des oiseaux et la ponte;
- le déplacement de l’aire de répartition d’espèces animales et végétales vers les pôles et vers des altitudes supérieures;
- des augmentations d’abondance d’algues et du zooplancton dans les hautes latitudes ainsi que dans les lacs de haute altitude;
- l’augmentation des algues et du zooplancton dans les lacs d’altitude situés à des latitudes élevées;
- les migrations précoces de poissons et des changements de leur aire de répartition dans les rivières.
D’après les projections, la résilience de nombreux écosystèmes sera probablement dépassée au cours de ce siècle par un amalgame sans précédent de changements climatiques, de perturbations (inondations, sécheresses, incendies, insectes, acidification des océans etc.), et d’autres facteurs de changements mondiaux (modification de l’affectation des terres, pollution, surexploitation des ressources etc.).
Effets sur les populations
Selon les experts du GIEC (2007), d’ici 2080, 3,2 milliards d’humains pourraient être sévèrement touchés par des pénuries d’eau. Cela aura un impact considérable sur l’agriculture. La sécurité alimentaire sera aussi sérieusement compromise, avec 80 à 200 millions de personnes supplémentaires confrontées à la famine. Les récoltes pourraient diminuer dans certains pays africains de 50% en 2020 et même de 90% en 2100. Or, l’agriculture représente jusqu’à 70% du produit intérieur brut (PIB) pour certaines nations, sans compter les revenus d’appoint pour de nombreuses familles. Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont donc les plus vulnérables aux changements climatiques, car les modes de vie basés sur la subsistance seront mis en péril par les dérèglements du climat mondial, sans que ces personnes vulnérables soient responsables de la majorité des GES émis dans l’atmosphère. Cela soulève donc une problématique incontournable d’iniquité Nord-Sud qui devra tôt ou tard faire l’objet de compensations financières et de mesures d’atténuation musclées de la part des pays du Nord pour aider le Sud à faire face aux multiples dangers évoqués plus haut.
Maladies et santé
D’après les projections du GIEC (2007), l'exposition aux changements climatiques affectera probablement la santé de millions de personnes et, en particulier, celles qui ont une faible capacité d’adaptation, par le biais de:
- la malnutrition aggravée et les dérèglements qui s’ensuivent, avec des implications sur la croissance et le développement des enfants :
- l’augmentation du nombre de décès, de maladies et d’accidents dus aux canicules, inondations, tempêtes, incendies et sécheresses;
- maladies diarrhéiques chroniques plus fréquentes;
- affections cardio-vasculaires plus fréquentes dues aux concentrations plus élevées d’ozone au ras du sol provoquées par, entre autres, les changements climatiques; et,
- la modification de la répartition spatiale de certains vecteurs de maladies infectieuses.
Hausse du niveau des océans
L’Arctique est également menacé par le réchauffement planétaire, et la fonte des glaces provoquera une augmentation du niveau des mers. Les risques d’inondations menaceraient près de sept millions de personnes sur les côtes où la pression démographique s’accentue, et dans les grands deltas d’Afrique de l’Ouest, d’Asie ou du Mississipi aux États-Unis. Le rapport 2007 prévoit une élévation du niveau des océans comprise entre 0,18 et 0,59 mètres.
Modification des précipitations
Dans certaines régions du monde, la sécheresse va s'installer sur de plus longues périodes. Ailleurs, les fortes précipitations, dont la fréquence et l'intensité va très probablement croître, augmenteront les risques d’inondations.
En bref, le GIEC (2007) s'attend à ceci :
- Fortes précipitations dont la fréquence sera accrue dans presque toutes les régions terrestres;
- Très probables dégâts infligés aux cultures;
- Érosion des sols;
- Impossibilité de cultiver la terre en raison de terrains détrempés;
- Effets néfastes sur la qualité des eaux de surface et souterraines;
- Contamination des sources aquifères;
- Risque accru de mortalité, d’accidents et maladies infectieuses des voies respiratoires et de la peau;
- Dysfonctionnement des établissements humains, des commerces, des transports et des communautés à cause d’inondations;
- Pressions sur les infrastructures urbaines et rurales.
Impacts sur l'économie
Dans certaines régions, les hausses relativement légères des températures et des précipitations auront un effet bénéfique sur l'économie. Par contre, dans d'autres régions, les hausses plus significatives des températures, puis les hausses ou les baisses des précipitations ou des événements extrêmes coûteront cher aux gouvernements. Au final, les coûts des changements climatiques seront supérieurs aux bénéfices. Et malheureusement, ce sont les pays les plus pauvres et vulnérables qui en subiront les conséquences les plus graves.
Les coûts possibles engendrés par les changements climatiques ont été estimés de plusieurs façons, et les études varient considérablement en complexité et en spécificité. Une des approches utilisées consiste à examiner des tendances ou des événements passés que l'on croit représentatifs des conditions futures. Par exemple, certains chercheurs se sont penchés sur les conséquences économiques des désastres naturels, en se basant sur les réclamations d'assurance et les bases de données pour déterminer les coûts de ces événements.
Voici des exemples de coûts économiques prévus :
- Ressources naturelles Canada estime que les inondations ou les sécheresses ou encore les tempêtes pourraient coûter, au Canada, jusqu'à 49 milliards de $CAN d'ici 2100;
- Infrastructures routières et immeubles à reconstruire;
- Aide financière aux familles touchées par des désastres naturels résultant des changements climatiques (tempêtes, tornades, inondations, sécheresses, feux de forêt, etc.);
- Outils d'adaptation (routes, rénovations, financement du risque technologique, autres).
Liens pertinents
- Risques liés à un réchauffement climatique de 4 degrés d’ici la fin du siècle – Banque mondiale, novembre 2012
- Changements climatiques, rapport de synthèse – GIEC 2007
- Changements climatiques, résumé à l’intention des décideurs – GIEC 2007
- Climate Change 2013, The Physical Science Basis – IPCC 2013
- Les consequences pour l’avenir – ONU
- Situation au Québec – Mon climat, ma santé
- Savoir s’adapter aux changements climatiques – OURANOS 2010